Le Blog Business & Pharma

Le marché de la e-santé en explosion

02 oct. 2017

Tous accros aux mobiles ! L'utilisation du smartphone s'est ancrée en très peu de temps au cœur des habitudes quotidiennes des praticiens, comme elle l'est de plus en plus dans la vie des patients. Il est par ailleurs démontré que l’individu délaisse de plus en plus l’ordinateur au profit des équipements mobiles pour rechercher de l’information.

Balances intelligentes dans les salles de bains, bracelets «trackers» d'activité et montres au poignet, systèmes de sommeil pour veiller sur nos nuits... De plus en plus collectent des informations sur la forme et le bien-être des individus. D'autres visent directement la santé : glucomètres pour les diabétiques, brassards tensiomètres ou pacemakers. Si l'on y ajoute les colliers mesurant le rythme cardiaque et la consommation de calories ou encore le pilulier électronique permettant de suivre la consommation de médicaments du patient, quelques dizaines d'objets connectés s'installent dans l'univers du bien-être et de la santé.

Des objets qui séduisent mais ...

Ils séduisent aussi bien les patients que les médecins, mais restent encore peu prescrits par ces derniers. A en croire les différents sondages, les Français commencent à se familiariser avec cet univers. La plupart d'entre eux fait la différence entre dispositif médical et l'appareil grand public ; et les personnes souffrant de maladie chronique ou d'affection longue durée se déclarent souvent prêtes à être équipées de dispositifs connectés médicaux dans le cadre du suivi de leur pathologie.

Or, le décalage d'appréciation est flagrant, lorsqu'on pose la même question aux généralistes et spécialistes, ils estiment souvent mal le nombre de patients qui accepteraient ces appareils d'auto-mesure. Une idée fausse qui explique leur manque d'empressement à les prescrire.

Du bon usage et du respect de l'éthique*

Les applications et objets connectés de santé constituent des outils complémentaires utiles à la prise en charge des patients. Ils doivent soutenir et renforcer la relation patient-médecin-pharmacien.

La e-santé doit être considérée non comme une fin mais comme un ensemble de moyens permettant d’améliorer l’accès aux soins, la qualité des prises en charge, l’autonomie des patients. Son déploiement doit être fondé sur une stratégie partagée par l’ensemble des acteurs.

Contrairement aux « applis », les objets connectés sont mieux connus : les Français en ont déjà largement entendu parler dans le domaine santé/bien-être. Au top 5 de ceux qui leur paraissent le plus dignes d’intérêt : tensiomètres, balances, bracelets, montres, piluliers.

Il ne fait pas de doute que les outils de la santé mobile contribuent essentiellement à l’éducation à la santé en complétant, voire en améliorant, l’accès aux services déjà disponibles en ligne. De même, en facilitant la consultation de bases de données et la communication entre professionnels de santé, les outils de e-santé représentent de véritables assistants en situation d’exercice médical ou para médical. Ce n’est pas négligeable car on sait qu’un patient informé est actif et plus facile à prendre en charge.

Méfiance tout de même*

Les risques associés aux solutions connectées vont en effet d’une information incomplète ou d’une fonctionnalité absente, bien qu’affichée, à une erreur de calcul ou d’orientation de diagnostic... ou encore d'un dysfonctionnement logiciel et/ou matériel. Le fait qu’Apple annonce retirer le suivi de la glycémie de son application de gestion de la santé a attiré l’attention sur le fait que ces solutions ne sont pas si anodines et simples à mettre en œuvre, même pour un cador de la technologie. Certes, ces solutions sont présentées par leurs promoteurs comme ayant un rôle purement « éducatif », mais les chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur l’absence d’évaluation de certains dispositifs qui ne sont pas agréés par les autorités sanitaires. Ils risquent en effet de donner à l’utilisateur un faux sentiment de sécurité qui se traduirait par une perte de chance et/ou un retard de prise en charge.

L’intégration de la e-santé dans l’exercice médical fait peser sur les praticiens des obligations de formation et de vigilance. Ils devront sans aucun doute accompagner le développement de cette nouvelle donne technologique, non seulement pour mettre en garde vis-à-vis des risques mais aussi pour en souligner les intérêts.

Les «  applis  » et objets connectés doivent soutenir la relation patient-praticien  mais avec la sécurité en complément.

Quelques exemples :  le suivi d’une perturbation métabolique comme le diabète, d’un régime adapté à un surpoids, une assistance à l’éducation thérapeutique, un soutien au maintien de l’autonomie, une surveillance de l’activité physique et sportive, une sevrage de tabac ...

A savoir

En Europe, nous disposons d’une législation sur les dispositifs médicaux, dont la finalité est de s’assurer que ces produits offrent aux patients, aux autres utilisateurs et aux tiers un niveau de protection élevé et qu’ils atteignent les objectifs que leur a assignés le fabricant. La mise sur le marché des dispositifs médicaux (DM), des dispositifs médicaux implantables actifs (DMIA) et des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DMDIV) est subordonnée à un marquage CE préalable qui est sous la responsabilité de leur fabricant. Pour apposer ce marquage CE, le fabricant doit soumettre les dispositifs à une procédure d’évaluation de conformité aux exigences essentielles décrites dans les directives européennes.

Pour se former

La santé connectée n'est pas enseignée au cours des études médicales. Elle ne l'est pas non plus dans les cursus de formation des paramédicaux et administratifs.

Il existe cependant depuis peu des diplômes universitaires pour accompagner le cadre légal et l'éthique autour de ces nouveaux objets.

Pour exemple :

Le DU E-santé et médecine connectée qui est proposé par l'Université de Paris Descartes est une formation continue de 100 heures de cours et de 10 jours de stage. Il s'adresse pnéanmoins uniquement aux professionnels de santé ou scientifiques de niveau minimum BAC+5 (médecins généralistes, spécialistes, et ingénieurs dans les domaines scientifiques ou de recherche).

Plus intéressant, et ouverts à tous, le DU de la Santé Connectée de l'Université Paris Diderot vient de voir le jour , les premières promos débuteront le 11 janvier 2018. S'adressant aux professionnels de santé mais aussi également à tous ceux qui souhaitent construire et s'impliquer dans des projets de e-santé (entrepreneur, start-up, ingénieurs, paramédicaux...) ce diplôme privilégie une approche multidisciplinaire en rassemblant les expertises de professionnels issus de la santé (médecins et chercheurs), de start-up, de juristes, d'économistes et des équipes de l'institut universitaire de technologie (IUT) Paris-Diderot. La formation continue de 100 heures comporte un enseignement dispensé en présentiel, des cours en e-learning en partenariat avec le site d'information médicale Medscape (sur la télémédecine, les applications, réseaux sociaux et objets connectés de santé, la protection et l'hébergement des données de santé, l'architecture des objets connectés, ...), des travaux pratiques (compréhension du fonctionnement d'un objet connecté, étude d'un capteur, conditionnement et traitement du signal, protocole de communication, conversion analogique-numérique, ….) et des travaux tutorés comprenant une "bourse aux projets" (élaboration d'un programme d'e-santé, d'un objet connecté, commercialisation d'un produit d'e-santé, ...). Ces projets feront l'objet de l'écriture d'un mémoire qui conditionnera la validation du diplôme. La soutenance des mémoires est prévue pour la fin du mois d'octobre 2018.

*Source : Livre blanc du Conseil National de L'ordre des Médecins au sujet des objets connectés 01-2015.

Mots clés : medecine

Accueil • Blog • Biographie • Le Code C • Services • Mentions légales • Contact