GayPride Nantes 9 juin 2018 - Crédit photo : Emma L.
Les marches des fiertés, appelées GayPride
Après 2017, année électorale présidentielle et législatives, les GayPrides 2018 abordent un nouveau contexte : celui des États Généraux de la Bioéthique. Tous les 7 ans depuis 2011 la France doit dresser un bilan et réviser sa législation sur des sujets allant de la fin de vie aux tests génétiques en passant par la PMA (Procréation Médicalement Assistée).
"Quel monde voulons-nous pour demain ?" : c’est sur cette question que se sont ouverts le 18 janvier 2018 les États généraux de la Bioéthique. Ceux-ci ont duré six mois. L’ensemble des contributions, qu’elles soient citoyennes ou des institutions, a fait l’objet d’un rapport de synthèse qui a été publié par le CCNE le 5 juin 2018. Elles doivent aboutir à une nouvelle loi sur la bioéthique à la fin de l’année 2018.
La Communauté LGBT sera très attentive aux débats notamment sur la PMA ou d'autres sujets comme la lutte contre l'homophobie ou l'avancée des droits des personnes transgenres.
Ces marches qui s'échelonnent entre mi-mars et fin juillet 2018 (entre autres : Bordeaux et Lille le 2 juin, Nantes le 9 juin, Lyon le 16 juin, Paris le 30 juin ...) sont des moments propices aux revendications et à la visibilité de l’ensemble de la communauté LGBT.
Ces communautés et leurs villages
Il existe de ces quartiers qui, présentés comme tels au plublic, sont des lieux d'uniformité culturelle, d'homogénéité sociodémographique, terrain idéal pour les sociologues et anthropologues. Ces villages, sortes de bulles, répondent à une multitude de besoins de la communauté gay, notamment en matière de sécurité, de socialisation, de services, de culture et d'économie.
Par exemple "The Village" est le foyer historique des artistes et intellectuels de New York qui s’y installent dès les années 1920. Greenwich Village s'est formé comme village gay dans les années 1960 alors que Chelsea et East Village sont investis par les LGBT dans les années 1980, et Brooklyn plus récemment. À Paris, le premier bar gay du Marais, s'implante en 1979.
Sorte d'environnement fermé sur lui-même, on pourrait dire que le Marais est un lieu où il est possible de vivre son homosexualité. Mais cela n'a pas empêché d'entendre beaucoup de bruits quand une boulangerie un peu trop décorée et tenue par un gérant gay s'y est ouverte. Critiques concluant avec mauvaise foi et absurdité que les gays n'achèteraient que du "pain gay fabriqué par un gay". Les mêmes critiques se sont abattues sur une pharmacie ouverte rue du Temple (la "Pharmacie du village"). On ne mentionnait pas pourtant que c'était là qu'on trouvait le plus gros stock de traitement contre le VIH (traitement que les autres n'avaient pas ou ne voulaient pas stocker), et que cela offrait un lieu où les gays pouvaient discuter librement de toutes sortes de questions de santé.
Des pharmacies bienveillantes et spécialisées
Pas facile de parler de nos petits problèmes intimes à un(e) pharmacien(ne). Alors imaginez un peu l’ampleur de la tâche et la peur du jugement quand la "méconnaissance homosexuelle" s’ajoute à cela …
Ainsi la "Pharmacie du Village" dans le Marais à Paris remplit-elle un rôle majeur dans la communauté. Tenue par des homosexuels, elle distribue à sa clientèle, aux trois quarts gays, des préservatifs gratuits, accepte le tiers payant et fournit bien d'autres services. «Cela nous permet d'être à l'écoute des malades du sida et de les aider», commente l'un des préparateurs. Les autres commerçants se contentent, sans le dire, de rêver du pouvoir d'achat de cette clientèle branchée.
Autre exemple plus récent, celui de la "Pharmacie du Village" à Lyon sur les Quais du Rhône depuis octobre 2017. Les deux pharmaciens avaient envie d'ouvrir depuis longtemps une pharmacie du type "LGBT-Friendly". Le retour des patients étaient qu'ils n'étaient pas satisfaits de leur prise en charge, au niveau de l'accueil, de la connaissance de cette communauté et de ses problématiques. Ils y proposent un lieu d'expertise, d'accompagnement adapté et de discrétion, notamment dans la prise en charge du VIH et de la PrEP1. . L'objectif est également de pouvoir y parler sans tabou, mais aussi de pouvoir oeuvrer contre d'autres risques, notamment de toxicomanie ou d'alcoolisme. Chaque échange permet de détecter toute sorte de signaux qu'il convient d'interpréter. Mais il s'agit aussi pour eux d'engager les dialogues avec les acteurs de ces milieux, de se faire connaître dans tous les réseaux et associations qui existent (réseau VIH, Equipe nationale d'Intervention en Prévention Santé pour les Entreprises, Sida Aides ...).
Ces pharmacies restent néanmoins des pharmacies de quartier ouvertes à tous. Leur démarche bienveillante n'est pas de l'ordre commercial, leur objectif est d'être identifiées comme des lieux d'accueil spécialisés.
1. s'adresse aux personnes qui n'ont pas le VIH et consiste à prendre un médicament afin d'éviter de se faire contaminer
Sources :gayviking.com - lequotidiendupharmacien.fr - pharmaradio.fr - lebonbon.fr - wikipedia.fr - lexpress.fr -Marais gay, Marais juif/ David Caron